Boris Eng

R&D Engineer at OCamlPro, PhD in computer science [first name][last name]@proton.me
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Mes stratégies pour réussir un examen à l’université

Attention, cette page concerne surtout les études en informatique même si de nombreux conseils sont valides à tout niveau et pour toute filière.

Jusqu’à la fin du lycée, j’étais un étudiant moyen. Ce n’est qu’à partir du baccalauréat (technologique) que Kostia Chardonnet et moi avons décidé de travailler plus sérieusement (je dirais plutôt par défi au départ), chose que nous n’avions en fait pas trop fait avant. Ce n’était pas quelque chose de naturel pour nous.

Nous avions décidé de réviser régulièrement dans une bibliothèque pour enfants (oui, c’est bizarre). Si je me souviens bien, nous avions dû plus ou moins revoir tout le programme pour certaines matières. La méthode était simple : faire un bon nombre d’exercices corrigés ensemble. Bon, nous n’avons pas eu la mention très bien mais comme l’expérience nous a plu, cet esprit s’est prolongé jusqu’à nos premières années universitaires en DUT informatique.

Je ne fournirai pas ici une critique du système et je m’exprimerai pas sur s’il est juste ou efficace. Cependant, il me semble qu’il existe des stratégies pour progresser scolairement et qui ne sont pas transmis (peut-être qu’on peut comparer ça à la gestion de la finance personnelle). Je pense que je n’exagère pas si je dis que plus de 90% des étudiants à l’université n’ont aucune organisation ni stratégie et pourtant il y a des choses simples qui peuvent mener loin.

Effacer les incompréhensions

La première erreur, selon moi, malgré qu’elle puisse être évidente pour certains, est de penser pouvoir faire des progrès significatifs seul (bon peut-être à l’exception de certaines personnes mais sûrement pas vous puisque vous avez l’air de porter une certaine attention à cette page). Il me semble qu’en informatique, on a tendance à se dire que notre autonomie suffit.

Certains diront qu’ils ne comprennent pas leur enseignant ou que leur enseignant est mauvais. Je partage l’idée que l’enseignant a une grande influence sur la perception des notions étudiées mais cela ne signifie pas que l’on doit abandonner et faire des calculs pour vérifier si on valide la matière concernée avec 5 de moyenne.

Communiquez avec meilleurs que vous. Cela peut-être un enseignant de l’université (pas forcément le vôtre), un autre étudiant ou des inconnus sur internet. Il est important de poser des questions. On peut avoir peur de faire perdre du temps aux gens ou de les gêner. Pour être honnête, oui vous allez en gêner certains mais est-ce si grave ? Au pire, ils ne vous répondront pas ou chercheront des excuses (bon il ne faut pas non plus harceler les gens pour des petites choses que vous pouvez trouver vous-même).

Personnellement, je posais souvent des questions par e-mail à mes enseignants. Cela vaut aussi pour tout ce qui est orientation. Cela m’a beaucoup aider d’avoir l’avis de personnes avec plus de recul que moi.

Faites-vous juger. Quelques conseils et retours d’une personne meilleure que vous peuvent être précieux. En informatique, si vous étudiez seuls chez vous, vous n’avez pas de recul sur les programmes que vous écrivez. Il arrive souvent que l’on ne fasse pas les choses correctement (dans notre rédaction par exemple) sans personne ne nous le dise.

Tentez d’aider d’autres personnes. Parfois, en essayant d’aider d’autres personnes, cela peut débloquer votre compréhension et vous pouvez même vous rendre compte de certaines choses que vous faites qui pourraient s’améliorer. En ayant de la difficulté à lire le programme d’une autre personne, on peut avoir conscience de ce qui rend la lecture plus difficile; notre sensibilité et notre recul s’améliore.

Si vous voulez aller plus loin, il est toujours possible d’aller chercher des livres liés à la thématique de votre cours. Vous pouvez y trouver des explications alternatives ou des exercices supplémentaires. Parfois, les enseignants ont des ressources à proposer (peut-être que leur cours se base même sur un ou plusieurs livres précis).

Réviser pour les examens

Beaucoup de gens font ça mais relire vos cours ou exercices de TD ne suffit pas. Il me semble que la meilleure méthode est de simplement (re)faire des exercices.

Enchaînez les exercices (à plusieurs). Le mieux est d’avoir le maximum de ressources, typiquement des corrections de TD et de partiel des années précédentes. Personnellement, j’ai trouvé plus efficace et stimulant de travailler avec d’autres personnes. Une bonne grosse séance par matière était suffisant. Chacun notre tour, nous faisions des exercices au tableau et expliquions la solution. Tenter d’expliquer aux autres aide beaucoup à comprendre et les autres personnes peuvent donner leur point de vue. C’est plus amusant et interactif que d’être complètement seul. Cela sera aussi beaucoup plus efficace avec au moins une personne qui comprend bien le cours pour éviter de trop bloquer. Au pire, si vous êtes bloqués sur certains points, vous pouvez vous débloquer en contactant une personne (un enseignant, par exemple).

Une difficulté est de trouver un endroit pour ça. C’est idéal avec un tableau mais ce n’est pas nécessaire. On peut aussi se mettre autour d’une table. Dans la bibliothèque de mon université, il était possible de réserver des salles avec tableau pour travailler en groupe. C’est aussi possible de réserver gratuitement des salles à la Bibliothèque Nationale de France (BNF).

Filtrez les exercices. Il n’y a pas besoin de refaire tous les exercices depuis le début de l’année. Si les thèmes de l’examen n’ont pas été explicitement donnés, il est possible d’avoir une idée du type d’exercice qui peut tomber. Déjà en regardant les sujets des années passées. Mais aussi en regardant ce sur quoi on met plus l’accent en TD. Certains exercices ont une tête de “bon exercice de partiel”. Spéculer sur ce qui peut tomber lors d’un partiel ne me semble pas inutile.

Optimisez votre temps. Le filtrage d’exercices est particulièrement important puisqu’il permet d’optimiser votre temps de révision. Vous pouvez aussi distribuer votre temps selon votre compréhension en mettant plus de temps sur ce que vous comprenez moins (sans ignorer ce que vous comprenez mieux car on peut avoir seulement le sentiment de comprendre).

Dormez. J’ai vu beaucoup d’étudiants réviser tard durant la veille d’un partiel. Je dis souvent qu’il vaut mieux une bonne nuit de sommeil et un peu moins de révisions qu’une bonne nuit de révision et un peu moins de sommeil. Si vous avez bien révisé en avance, vous devriez être plutôt sereins et en profiter pour bien dormir la veille sans même réviser. Personnellement, la journée avant un partiel, je révise peu voire pas du tout. On peut se permettre de réactiver un peu sa mémoire sans trop en faire.

Pendant l’examen

Si vous pouvez vous placer dans la salle d’examen, placez-vous à un endroit qui vous met à l’aise et qui va vous permettre de vous concentrer. Moi je me mettais tout derrière.

Ayez du matériel pour effacer confortablement. On ne parle jamais de ce sujet mais il est très sérieux pour moi. En tant qu’enseignant, je vois toujours un nombre énorme d’étudiants ignorer ce point. Personnellement, j’utilisais des stylos à gel effaçable. N’hésitez pas à avoir des recharges supplémentaires avec vous. Cela me permettait de gagner un temps énorme étant donné que cela nous arrive souvent d’effacer. Je pense sérieusement que cela a contribué à ma réussite de certains partiels (je ne suis pas sponsorisé). Un défaut est que cela a tendance à s’effacer naturellement. Si vous préférez utiliser des stylos billes, alors il vous faut un correcteur. Je déconseille les correcteurs liquides (et même les stylos correcteurs Tipp-Ex que tout le monde a) car vous allez devoir attendre que cela sèche et vous allez vous en mettre partout. Je recommande plutôt des rubans correcteurs qui seront beaucoup plus efficaces.

Ayez une montre. En tant qu’enseignant, il arrive très souvent qu’on me demande l’heure en partiel. Vous gagnerez du temps en ayant vous-même le contrôle sur la visualisation de l’heure pour mieux distribuer votre temps. Je recommande une montre à aiguilles étant donné que cela donne une visualisation plus globale du temps (on visualise mieux le “compte-à-rebours” qu’avec une montre numérique). Cependant une autre montre fera tout aussi bien l’affaire. Pour des raisons évidentes, évitez les montres connectées.

Comme autre matériel, cela peut servir d’avoir des mouchoirs ou de quoi boire.

Anticipez. Quand vous pouvez faire une chose pour anticiper, faites-le. Si vous avez déjà des copies pour rédiger, alors écrivez votre nom, prénom et numéro d’étudiant. Vérifiez que vous avez bien tout votre matériel. Je me souviens qu’en TP noté d’informatique, je voyais toujours des gens qui attendaient le début pour préparer leur environnement de travail (éditeur de texte et terminal).

Bon, les sujets sont maintenant distribués. C’est à partir d’ici qu’il faut être le plus tactique. Je vous décris ma façon de procéder.

  1. Je commence par faire du repérage. Je survole toutes les questions pour repérer ce qui va être facile et ce qui va être plus difficile ou long pour moi. Vous pouvez carrément numéroter l’ordre sur votre sujet.
  2. Je fais tout ce qui est facile par ordre de facilité pour éliminer un poids (en plus ça vous évite d’avoir laissé de côté des choses que vous auriez pu faire si vous ne terminez pas tout). Je vois beaucoup d’étudiants qui font tout dans l’ordre, ce n’est pas forcément le plus optimal.
  3. J’écris directement les réponses sur la copie d’examen (pour effacer après s’il y a des erreurs) et non sur mon brouillon. J’utilise seulement le brouillon pour dessiner des schémas ou réfléchir (par exemple pour faire des calculs).
  4. À chaque nouvelle page, je numérote directement les pages.
  5. Ça peut paraître bizarre pour certains mais je n’hésite pas à faire une pause en plein milieu en me couchant quelques minutes sur mon bureau pour faire une pause (bon évitez d’entamer votre nuit de sommeil pendant l’examen pour ensuite vous réveiller à la fin quand même).
  6. C’est un peu extrême mais je reste habituellement jusqu’à la fin de l’examen pour tout rendre parfait. Il arrive souvent qu’on remarque des erreurs ou une mauvaise rédaction après avoir tout terminé.
  7. Je dis ça en tant qu’enseignant mais ne jouez pas à gratter sur les dernières secondes, il faut abandonner à la fin si on n’a pas terminé et simplement rendre la copie.

Suppositions et réponses à trou. Il arrive très souvent que des exercices utilisent des choses de questions précédentes voire d’exercices précédents. Si des questions se suivent et vous n’avez pas réussi à répondre à une question, il peut être possible de répondre correctement à une question suivante qui est liée. Cela peut vous faire gagner des points facilement.

Gestion dynamique de la rédaction. Quand vous utilisez un ordinateur, il se peut qu’un programme soit en attente sans que cela affecte le reste de l’ordinateur. C’est parce qu’il y a plusieurs programmes qui tournent en parallèle et qu’un “ordonnanceur” distribue les tâches. C’est aussi comme ça que vous devez fonctionner. Si vous bloquez sur un exercice, évitez de trop bloquer, passez à autre chose puis revenez plus tard. Vous pouvez par exemple laisser un espace pour écrire plus tard ou alors écrire la suite plus tard (indiquez toujours où est la suite pour le signaler au correcteur).

Rédaction et psychologie de correction

Quand vous rédigez, il faut prendre conscience qu’il y a généralement une personne de l’autre côté. On peut gagner à se mettre mentalement à la place d’un correcteur. Normalement, cette personne a aussi des sentiments comme vous. En général, le correcteur va corriger mécaniquement et veut limiter le plus possible l’usage de son cerveau pour optimiser son temps et son énergie. Il est possible d’utiliser ce comportement pour influencer le correcteur.

Rendez tout explicite. Le correcteur s’irrite facilement. Si vous voulez l’influencer, je recommande de bien écrire et de faire en sorte que la réponse lui saute au yeux. Vous pouvez par exemple encadrer ou souligner la réponse finale s’il y en a une ou toute information sur lesquelles vous voulez qu’il se focalise. S’il voit que c’est la bonne réponse alors il est probable qu’il omette des détails de votre réponse et soit plus indulgent. Dans tous les cas, il aura un a priori positif. Certains étudiants en font trop en écrivant beaucoup. Il est suffisant d’écrire le strict nécessaire, ce qui est plus direct et plus agréable à lire. Je recommande aussi de bien rendre clair le début des exercices, par exemple en soulignant ou en encadrant.

Communiquez avec le correcteur. Si vous voulez préciser des choses alors mettez des commentaires sur votre copie pour le signaler à votre correcteur. Si vous faites les exercices en plusieurs parties, signalez-le clairement. Si vous bloquez sur un exercice, vous pouvez tenter de donner des explications sur la solution. Il faut mieux tenter que de ne rien faire. Par contre, évitez de trop écrire si vous n’avez absolument aucune idée de la réponse en écrivant le plus possible pour gratter des points, cela va juste irriter le correcteur.

Pour ça, vous ne pouvez rien y faire mais il est probable que le correcteur se trompe durant la correction. La rédaction peut aussi varier selon si vous êtes en début ou fin de sa pile de copies à corriger. Si vous pensez que votre résultat ne reflète pas ce que vous avez fait, n’hésitez pas à demander une consultation de copie.